Le choeur des anges - Ensemble Vocal de Canisy

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Entretien avec Valérie Duchange
Soprano

Le Requiem de Duruflé met les voix féminines à dure épreuve. Rencontre improvisée avec l'une des interprètes du choeur des anges ("Lux aeterna", "In Paradisum") après la répétition du 4 juin, dans l'église Notre-Dame de Saint-Lô.

On dit souvent que ce Requiem de Duruflé est bien différent des autres. Avez-vous chanté d'autres programmes de ce type ?

Oui, j'ai déjà chanté d'autres messes et d'autres Requiem, notamment celui de Mozart, beaucoup plus connu du grand public et, de ce fait, tout aussi difficile à interpréter. Les univers de ces deux oeuvres et de ces deux compositeurs sont très différents et font appel à des émotions toutes particulières.

Vous faites partie du choeur des sopranes, qui semble très exposé. Quelles difficultés devez-vous surmonter ?

La difficulté du Requiem de Duruflé est que les sopranes y sont très exposées en effet. Duruflé semble s'être fait un malin plaisir à exiger des notes pianissimo dans des tessitures parfois extrêmement aiguës, de sorte que produire un son qui soit à la fois audible, émouvant et "musical" n'est pas toujours chose aisée !

En outre les sopranes ont souvent une partition spécifique dans cette oeuvre, avec des mélodies qui se détachent des autres lignes musicales. Ce Requiem est en fait une sorte de gigantesque puzzle où le choeur et l'orgue semblent vouloir chacun "vivre leur vie" de façon indépendante, où chacun doit accomplir quelques morceaux de bravoure afin de montrer qu'il existe en tant que tel, où chacun cherche à s'éloigner de l'autre, pour mieux se retrouver, voire se "réconcilier" à la fin. L'essentiel étant, bien évidemment, de ne pas rater ces retrouvailles...

Ce Requiem suscite généralement beaucoup d'émotion... au moins dans le public. Avez-vous une explication ?

Je crois que l'émotion du public vient justement de ce jeu entre le choeur et l'orgue, de ce jeu entre les pupitres eux-mêmes, mais aussi des contrastes mélodiques, aussi violents qu'ils peuvent être doux, aussi déroutants parfois qu'apaisants à la fin.

En première partie, vous chantez des oeuvres moins connues, comme les Strophes polyphoniques de Pierre Villette. Cette musique peut-elle séduire un large auditoire ?

Sans aucun doute, Les Strophes polyphoniques sont elles aussi très difficiles, mais l'auditoire ne peut que se laisser séduire, tout comme elles nous séduisent, nous, chanteurs. Si l'on est un peu mélomane, on ne peut que se laisser transporter par cette oeuvre peu connue, mais que, personnellement, j'ai découverte et travaillée avec beaucoup de plaisir. L'émotion est garantie là aussi !

Une question un peu indiscrète : vos meilleurs souvenirs de concert ?

Mes meilleurs souvenirs de concert ? Il y en a tellement ! Je fais partie de cet ensemble depuis 1994, alors les moments forts ne manquent pas ! Notre répertoire, bien que classique, est assez étendu, de sorte que chaque concert nous fait en quelque sorte entrer dans un nouveau monde...

Je pourrais donc citer le Requiem de Mozart, bien sûr, des projets plus importants comme L'Enfance du Christ de Berlioz, que nous avons chanté dans l'abbaye du Mont-Saint-Michel, ou bien encore Carmen dans le cadre du festival "Musiques en baie", ou même notre participation au Concours international de Jersey, il y a quelques années (nous sommes d'ailleurs restés bloqués sur l'île par une tempête monumentale), sans oublier notre spectacle Offenbach, le Chemin de Saint-Jacques, ou bien encore les Vêpres de Rachmaninov.

Mais comment ne pas parler non plus de quelques prestations un peu plus intimistes, dans le cadre de notre "petit choeur", puisque nous avons la chance d'être un choeur à géométrie variable. Ainsi, chaque fois que nous évoluons en plus petit groupe, l'émotion est aussi très forte. J'espère que ce sera le cas, cette fois encore, pour notre prochain concert avec Villette et Paul Paray. Vous voyez, les meilleurs souvenirs foisonnent.

Et si vous deviez retenir une seule interprétation ?

Allez, si je devais terminer par une émotion de chanteuse tout à fait personnelle, ce serait probablement La Messe à trois voix d'André Caplet que nous avons interprétée en 1996, dans le cadre du dixième anniversaire de notre formation. Mais je devrais ajouter le Magnificat de Sermisy, qui reste une énorme frustration pour moi ! Car il n'y a pas de sopranes  dans cette oeuvre, qui me bouleverse toujours quand j'entends mes amis choristes l'interpréter.

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